BEDARD BADGE CHAUMONT

CALGARY – Connor Bedard a toujours reçu l’étiquette d’un talent générationnel. Choisi au tout premier rang du repêchage de 2023 par les Blackhawks, Bedard se destinait à suivre les traces de Sidney Crosby ou de Connor McDavid.

Mais ce chemin vers la gloire et le sommet de la LNH n’a rien de facile. À 20 ans et à l’aube de sa troisième saison à Chicago, le numéro 98 le réalise pleinement.

Au cœur d’une entrevue d’une dizaine de minutes avec les représentants de LNH.com lors d’une tournée médiatique au camp d’orientation de l’équipe canadienne la semaine dernière à Calgary, Bedard a identifié l’un de ses principaux chantiers afin d’atteindre le statut d’un joueur dominant.

« Je dirais que c’est un peu étrange. Mais j’ai compris que je devais effectuer des changements dans mon approche et ma façon de penser, a-t-il dit. Après ma saison recrue avec les Hawks, je me suis entraîné vraiment très fort, mais je ne faisais pas toujours les bons choix. J’ai toujours voulu être intense. Je comprends maintenant que ça prend un dosage. Il y a 82 matchs dans une saison, c’est très long.

« J’ai besoin de jouer avec constance, a-t-il poursuivi. Quand je joue bien, je sens que je suis l’un des meilleurs. Mais il y a des matchs où ce n’est pas le cas. J’ai travaillé plus intelligemment en gymnase cet été. J’ai parfois besoin d’en faire un peu moins. Je ne peux pas toujours garder la pédale au plancher. J’ai atteint la LNH à un jeune âge grâce à cette philosophie. Je dois maintenant mieux gérer mes énergies. Tu as besoin de te sentir reposé, tu ne peux pas toujours être brûlé. C’est un ajustement pour moi. Je travaille encore fort. Je ne dis pas que je me la coule douce. Je comprends juste mieux le fonctionnement de mon corps. »

Bedard a utilisé le mot « croissance » pour définir sa deuxième saison dans la LNH. Gagnant du titre de recrue de l’année en 2023-2024 grâce à une récolte de 61 points (22 buts, 39 passes) en 68 matchs, l’ancien des Pats de Regina a obtenu des statistiques assez similaires avec 67 points (23 buts, 44 passes) en 82 matchs.

Les plus beaux buts de Connor Bedard la saison dernière

« Je parle d’une croissance puisque j’ai joué une saison de 82 matchs, j’ai participé à toutes les rencontres, a-t-il expliqué. Je n’ai pas atteint mes propres attentes sur les niveaux personnels et collectifs. J’ai trouvé la saison difficile à certains moments. Mais ça fait partie de la réalité du hockey. Je veux devenir l’un des meilleurs joueurs au monde. Je ferai face à de l’adversité. J’ai parfois eu de la misère avec ma constance. Pour vous dire la vérité, c’est nouveau pour moi. Dans le junior, je n’avais pas vraiment de longues séquences où je ne produisais pas. J’ai besoin de réfléchir et de trouver des solutions. »

Un meilleur coup de patin fait partie des solutions envisagées.

« J’ai besoin de m’améliorer au niveau de la rapidité, a mentionné le jeune homme originaire de la Colombie-Britannique. J’ai fait plusieurs exercices pour mon patinage, mais aussi beaucoup de trucs à l’extérieur de la patinoire. Je dois devenir plus rapide. Je n’aurai pas l’explosivité d’un McDavid ou d’un MacKinnon, mais j’ai besoin de garder un pas de plus que la majorité de mes rivaux. J’ai une bonne vision du jeu et de bonnes habiletés, alors j’ai besoin de gagner un peu en rapidité pour devenir un joueur plus dangereux. »

D’un ton direct et assuré, Bedard a refusé de regarder en direction d’un mauvais entourage chez les Blackhawks pour décrire ses débuts moins sensationnels que prévu dans la LNH.

« Les joueurs repêchés au premier rang au total se retrouvent souvent avec une équipe en reconstruction, a-t-il rappelé. Les Hawks avaient réussi une reconstruction assez rapide avec les choix de Toews et Kane. Et c’était la même chose pour les Penguins avec Crosby et Malkin. L’Avalanche a eu besoin de temps. Le Colorado avait terminé au dernier rang de la LNH quelques années après la sélection de MacKinnon (2016-2017). Nathan avait 26 ou 27 ans quand il a gagné la Coupe Stanley. Les Panthers ont aussi connu des saisons misérables avant de devenir une grande équipe. C’est la même chose pour les Oilers.

« Je veux gagner, je suis compétitif. Mais je sais qu’il s’agit d’une longue route. »

Les JO pas à tout prix

À l’image d’un Macklin Celebrini, Bedard aura comme mandat de déjouer les plans afin d’obtenir un poste avec l’équipe canadienne pour les Jeux olympiques de Milano Cortina 2026. Il n’en fera toutefois pas un cheval de bataille.

« Je veux surtout connaître une bonne saison dans la LNH, a-t-il affirmé. Si j’y parviens, j’augmenterai mes chances de participer aux Jeux olympiques. Je veux m’améliorer. Les Jeux olympiques sont dans mes pensées un peu, mais je réalise surtout que je dois connaître une bonne saison et un bon départ. Il y a énormément de bons joueurs au pays. Pour moi, je cherche juste à m’améliorer et à me sentir bien sur la patinoire. Je serais fou de joie si je gagnais un poste avec l’équipe canadienne, mais je ne me concentre pas uniquement sur cet objectif.

« J’ai toujours rêvé de jouer pour mon pays, a-t-il enchaîné. McDavid n’a jamais encore eu la chance de participer aux Jeux olympiques. C’est quand même ridicule. Pour ma part, je reste encore jeune. »

Au printemps dernier, Bedard a dit non à l’invitation des dirigeants d’Équipe Canada pour le Championnat du monde à Stockholm en Suède et à Herning au Danemark.

« J’ai choisi de ne pas participer au Championnat du monde afin de me reposer un peu, a-t-il expliqué. J’avais le goût de jouer, mais j’avais besoin d’une pause physiquement et mentalement. Aujourd’hui, je vous dirais que j’ai vraiment hâte de jouer un match. Je suis tanné des entraînements. J’ai pris la bonne décision même si c’est difficile de dire non à l’équipe canadienne pour un Championnat du monde, surtout à un an des JO. J’aurais aimé vendre encore plus ma candidature. J’ai parlé aux dirigeants de l’équipe et ils ont accepté ma décision. Je me sens bien maintenant. J’ai juste hâte à la nouvelle saison. »

« Si j’avais connu un départ du tonnerre l’an dernier, j’aurais probablement attiré les regards pour l’équipe canadienne à la Confrontation des 4 nations. Mais ce n’était pas le cas. Ils choisiront encore les joueurs qui se démarqueront. Mon début de saison sera crucial. »