CELEBRINI BADGE CHAUMONT

CALGARY – Quand Sidney Crosby a marqué le but en or aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010, Macklin Celebrini était encore un jeune bambin. Il avait seulement trois ans et demi.

« Mes parents ont pris plusieurs photos de cette journée, a dit Celebrini lors d’une entrevue avec les représentants de LNH.com au camp d’orientation de l’équipe canadienne à Calgary. Je jouais au hockey dehors, il y avait plusieurs personnes à notre maison. Nous étions à North Vancouver, à quelques kilomètres seulement de l’aréna.

« J’étais trop jeune pour percevoir la folie et l’importance de ce but, a-t-il continué en souriant. Mais on m’a souvent parlé de ce but dans ma jeunesse. Pour cette raison, j’ai le sentiment de me souvenir du jeu de Sid. »

Celebrini a maintenant 19 ans. Crosby, lui, a plus de cheveux gris et blancs à 38 ans. S’il y a encore un fossé entre les deux joueurs en raison de leur âge, la barrière n’est plus aussi grande qu’à l’époque de Vancouver. Le petit garçon qui frappait une balle dans la rue le jour de la finale contre les États-Unis en 2010 envisage maintenant de devenir l’un des coéquipiers de Crosby pour les Jeux olympiques de Milano Cortina 2026.

À 19 ans, Celebrini était le plus jeune joueur parmi les 41 participants au camp d’orientation à Calgary. Quand on lui mentionne qu’il pourrait devenir le premier adolescent à gagner un poste avec la formation canadienne à un tournoi olympique auquel les joueurs de la LNH participent, le prodige des Sharks de San Jose cogne avec sa main droite sur la table en bois devant lui. Il touche du bois afin de ne pas conjurer un mauvais sort.

Crosby n’avait pas reçu d’invitation pour les Jeux olympiques de Milan en 2006. Il avait 18 ans à cette époque.

« J’y pense, aux Jeux olympiques, surtout depuis mon invitation pour ce camp, a affirmé Celebrini. Je réalise que mon nom circule et qu’ils me regarderont. Mais je veux surtout connaître un bon départ avec les Sharks. Au cours des dernières années, les Sharks ont toujours connu de mauvais départs. Nous désirons changer ça. Nous voulons nous battre et construire de belles choses. »

Malgré son jeune âge et même s’il n’a qu’une seule saison dans la LNH derrière la cravate, le centre des Sharks n’a pas le sentiment de l’imposteur.

« C’est difficile de jouer contre les meilleurs joueurs au monde si tu n’as pas confiance en tes moyens et si tu ne crois pas en toi, a-t-il répliqué. Je replace parfois les choses en perspective. Mais je n’ai pas le choix de dire que j’ai confiance en moi. Je n’ai pas trop changé depuis mon enfance. J’ai toujours cru en mes capacités.

« C’est vraiment spécial de participer à ce camp à Calgary, a-t-il ajouté. Je trouve ça cool d’obtenir cette chance. J’aimerais gagner un poste avec l’équipe. C’est mon objectif. Mais juste de passer du temps avec les autres joueurs, je trouve ça génial. Nous en parlions à la première journée, mais c’est incroyable de regrouper autant de bons joueurs au même endroit. Je ne sais pas comment ils arriveront à choisir l’équipe. Il y a tellement de bons joueurs ici. »

L’expérience du Mondial

Premier de classe du repêchage de 2024, Celebrini a connu une très bonne saison recrue avec les Sharks en obtenant 63 points (25 buts, 38 passes) en 70 matchs.

Avec l’élimination des Sharks des séries, Celebrini a accepté l’invitation des dirigeants de l’équipe canadienne pour participer au Championnat du monde à Stockholm en Suède et à Herning au Danemark. Il a donc vécu une première expérience avec Crosby comme coéquipier. Nathan MacKinnon, Marc-André Fleury, Bo Horvat, Noah Dobson et Mike Matheson ont aussi porté les couleurs du Canada à ce tournoi.

« J’ai trouvé les premiers moments irréels, a affirmé Celebrini. J’ai regardé Crosby et Fleury dans ma jeunesse. Je les voyais gagner la Coupe Stanley avec les Penguins. Pour moi, c’est le vieux hockey de la LNH. Il s’agit de mes premiers souvenirs concrets. J’avais de grands yeux lors des premiers jours au Championnat du monde. Mais plus je passais de temps avec eux et plus ça devenait normal. Ils sont tellement gentils et humbles. Ils ont tout fait pour m’aider à ce tournoi. »

Au Championnat du monde, Celebrini a montré encore une fois son talent unique avec une récolte de six points (trois buts, trois passes) en huit rencontres.

« Il y avait plusieurs bons joueurs au Championnat du monde, surtout un an avant les Jeux olympiques, a-t-il rappelé. J’ai appris plusieurs choses à mon sujet. J’ai réalisé que je pouvais rivaliser contre les meilleurs joueurs sur cette scène. J’avais terminé ma saison depuis quelques semaines en raison de l’élimination des séries des Sharks. Je voulais jouer d’autres matchs symboliques, je ne désirais pas terminer ma saison trop rapidement. J’ai encore sur le cœur notre défaite (en quarts de finale contre le Danemark), mais j’ai vraiment aimé mon expérience. »

Jon Cooper, qui dirigera l’équipe canadienne aux JO, a aussi aimé le jeu du phénomène des Sharks.

« J'ai assisté au Championnat du monde cette année, non seulement pour voir quelques joueurs de la Confrontation des 4 Nations, mais aussi pour suivre certains jeunes de l’équipe canadienne, a expliqué Cooper en entrevue avec LNH.com. Après la défaite contre le Danemark, j'ai rencontré Macklin. J'ai été très impressionné par l'empathie du jeune. J’avais le sentiment de parler à quelqu’un d’une génération plus âgée. Il a cette exubérance d’un jeune homme. Mais il vous serre la main, il vous regarde droit dans les yeux, et même dans les moments difficiles après une défaite, il peut se lancer dans une conversation sérieuse. Les Sharks ont frappé un circuit en obtenant le premier choix pour le repêcher. Il n’est pas juste un incroyable joueur, il a toute une personnalité. »

Pour s’accrocher à un poste avec une équipe aussi redoutable à l’attaque que celle du Canada, Celebrini devra connaître tout un départ avec les Sharks. Cooper et les dirigeants de l’équipe canadienne ne lui donneront pas une place au sein du groupe simplement dans le but de construire pour le futur.

Finaliste pour le Calder

Dans cette entrevue d’une dizaine de minutes, Celebrini a également glissé quelques mots sur l’un de ses bons amis : Lane Hutson.

Les anciens coéquipiers des Terriers à l’Université de Boston se sont retrouvés comme rivaux dans la lutte pour le trophée Calder, décerné à la recrue de l’année, le printemps dernier. Hutson a finalement remporté cet honneur, devançant Celebrini et le gardien Dustin Wolf, des Flames de Calgary.

« Oui, c’était spécial, a dit Celebrini. Lane était mon coéquipier à Boston en 2023-2024. Je savais qu’il était un joueur unique. J’avais participé à un balado avant le début de la saison l’an dernier et j’avais prédit qu’il allait être vraiment bon. Il est un très bon ami. Je trouvais ça cool de voir que nous étions dans la même course pour le Calder. Il méritait ce trophée, il a connu une saison formidable à Montréal. »